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Wednesday, 27 April 2016

Alain Sebag ~ Le Troisième Cercle (ebook)

 Les éditions Solstices sont heureuses de vous présenter leur nouveau ebook, dans la collection "Les érotiques" :

Le Troisième cercle, d'Alain Sebag.



La préface a été écrite par Hélène Leblanc :

"Un roi, au faîte de sa puissance, entreprend une quête initiatique qui le mène au-delà des objets qui la scandent, de la cité assiégée et de ses trésors. Pour atteindre le troisième cercle, Uriel est aidé de son astrologue, double de lui-même, et de trois reines, dont l’entrée en scène signe le début de l’histoire. La quête est amoureuse et les actes sexuels sont autant d’épreuves qualifiantes pour le héros.
Comme il retrouve là tous les éléments morphologiques du conte, le lecteur est aussi frappé par l’amoncellement des topoi du récit érotique : trois femmes qui se vêtent (ou se dévêtent) tour à tour et aussi bien à l’image d’une call-girl qu’à celle d’une Salammbô, un roi-guerrier inépuisable, les descriptions acrobatiques des parties de plaisir du quatuor amoureux.
L’exotisme démesuré qui teinte l’ensemble du récit unifie et fusionne les deux genres. Il y a d’un côté l’exotisme antiquisant et indubitablement oriental des décors, qui fait du roi Uriel un barbare. D’un autre côté, et comme en réponse, les trois reines accueillies dispensent chacune le parfum d’une étrangeté singulière. Dépositaires d’une sagesse inconnue d’Uriel, elles gardent la nostalgie d’une Europe maternelle et grecque, dont elles illustrent les diverses nuances. À Veunize, la reine rousse, revient l’exotisme de l’érotisme vénitien. Elzeunor l’évanescente est une celte, un mystère tout droit venu des légendes arthuriennes. La géante Odelind évoque les ondines rhénanes et les amazones wagnériennes.
Là où l’on pourrait être irrité par la profusion des clichés, le tour de force de Sebag est de leur redonner leur mobilité. Pour tenir ici l’exemple paradigmatique des trois femmes, alors que leurs noms mêmes travaillent à leur donner une identité exotique objective, celle-ci à peine affirmée cesse aussitôt de les caractériser. Et elles pourront incessamment s’échanger les attributs, leurs couleurs et tout ce qui les rend désirables au regard de l’homme. Parce qu’elles sont en définitive la même, leur exotisme individuel est plutôt à considérer comme une offrande qu’elles versent dans un décor syncrétique. Dans l’amalgame des mythologies, l’Orient du tantrisme et les fantasmes érotiques les plus occidentaux se trouvent entremêlés, comme le sont également l’initiation de Siddharta et le conte de fées à la Perrault.
Le récit initiatique prend ainsi tout son sens dans ce jeu d’identités fluctuantes, qui finit par contaminer jusqu’à la dualité masculin/féminin, qui paraissait infranchissable au début du texte. Mais c’est aussi la structure même du conte qui est modifiée par une telle redistribution des rôles. Les reines perdent ainsi peu à peu leur fonction d’adjuvant omniscient et plus ou moins imperturbable – même dans la jouissance – pour devenir, au fur et à mesure de leur relation amoureuse avec Uriel, actrices de l’histoire, véritables protagonistes d’une relation dans laquelle elles ont accepté de se mettre en danger.
L’interchangeabilité, la répétition et le caractère mouvant des identités, qui caractérisent traditionnellement le récit érotique, deviennent ainsi un puissant indicateur de la transformation psychologique d’Uriel, dont l’orgueil parfois misogyne et en tout cas prisonnier d’idéaux figés de la beauté féminine, sera brisé dans la relation charnelle avec les trois femmes.
Ce roi sans âge, espèce d’Alexandre au bout de sa conquête ou de Giovanni Drogo attendant les Tartares, apprend ainsi peu à peu à se détacher de lui-même et à emprunter à l’ensemble des personnages qui l’entourent un peu de leur force et de leurs caractéristiques. Cette cohérence profonde de genres pourtant hétéroclites donne au texte de Sebag sa force, et fait que ce n’est jamais le récit initiatique qui est prétexte à la description érotique mais plutôt celle-ci qui est l’instrument de celui-là."






Wednesday, 5 August 2015

Le Silence de Ferrare (nouvelle disponible en ebook)



Le Silence de Ferrare est le dernier ebook publié aux éditions Solstices.
En voici un extrait :

"C'était jour de marché.
Le soleil s'écroulait sur la place.
C'était un soleil mûr et
les femmes aussi étaient mûres.
Aucune ne semblait avoir moins de quarante ans, même celles qui se promenaient avec des enfants en bas-âge.
Et elles étaient toutes plus belles les unes que les autres.
Les plus âgées, octogénaires peut-être, avaient encore de la beauté radieuse l'élégance et suscitaient l'admiration du jeune homme.
Des Vénus padanes.
Et quand leurs filles les accompagnaient, on se disait qu'elles seraient définitivement plus attrayantes vingt ou trente ans plus tard. Pour l'heure, elles étaient comme les pêches cueillies trop tôt, qui avaient la bonne couleur de peau mais une chair trop ferme qui écœurait dans la bouche.
Tous les étals leurs faisaient honneur et c'étaient des collections de robes et de chemisiers, de chaussures et de chapeaux, de rubans pour les cheveux et de sous-vêtements, des sacs, des lunettes, des savons et des parfums. Il n'y avait rien pour les hommes et, à bien regarder, il n'y avait d'hommes nulle part, sinon vieux et gras, amorphes et comme déséxués, jouant à l'eunuque marchand ou plus loin aux cartes dans l'ombre. Une topologie de temps de guerre, et lui en Ernst Jünger non pas à Cambrai mais à Ferrare.
C'était déjà au bord de l'insolation contre quoi son canotier ne le prévenait qu'inefficacement qu'il déambulait ébahi parmi les marchandises et les femmes impératrices qui avaient pris pour modèle la Theodora de San Vitale. Ce n'était plus l'Italie de ses vacances enfantines, flanqué par ses deux parents raides et froids, et seul enfin il prenait toute la mesure de ce que ce nom impliquait.
C'est à moitié ivre et à moitié abruti qu'il s'écarta de la foule dans le petit cloître du musée de la Cathédrale, où il prit un billet gratuit, et qu'il se dirigea – sans écouter le parcours qu'on lui conseillait – directement vers Cosmè Tura.

La palette était immense et il ne vit rien d'autre qu'un immense marécage. Des gris et des noirs, des ocres en ébullition et des bleus marines. Agata dei Goti le fixait avec fureur. Elle ne démordait pas ; et à peine eut-il laissé glisser ses yeux de son côté qu'il fut saigné à vif.
Tout se fit avec une telle violence qu'il n'était déjà plus qu'à elle.
Il ne vit rien d'autre.
C'était comme le marbre encadré dans les décorations d'église. Une abstraction pure. Des coloris et des veinures, des givrures et des nuages. Pourquoi cette femme s'enticha de ce rosière ? Il ne sentit qu'une grande lame de fonds déferler sur son corps et l'envelopper. Il se détendit entièrement, à l'exception du ventre. Elle était d'une épaisseur bruissante, complète.
Il s'assit au milieu de la salle.
Il n'y avait personne d'autre. Ou peut-être
un gardien de musée dans un coin. Il ne bougea plus.
Le trouble offusqua sa vision de tâches de couleurs en mouvement.
Et il mit longtemps à se ressaisir. Car même les plus décisives fulminations ne peuvent pas durer sans rendre fou.
Le retable était bien plus grand qu'il ne se le figurait. Agata avaient d'abondants cheveux noirs, torsadés, des yeux de châtaigne, les joues creuses mais les pommettes saillantes et un un corps généreux. Maintenant
elle lui souriait amicalement.
Comme il ne pouvait rien voir, il ne pouvait rester. Il sortit de la salle, du musée, du cloître, retourna vers la petite maison où Valentina était occupée d'affaires ménagères. En le voyant elle s'inquiéta : « Tu auras fait une insolation, bois un grand verre d'eau et va te reposer. » Et il fit la sieste jusque tard dans l'après-midi."